Jour 46 et un pied de nez utile d’Alain Mila à la gauche et à Marx. Avocat devenu photographe et un détour par l’éducation nationale, Alain est aujourd’hui doctorant en histoire du droit et auteur. Il a déjà publié « Voyage éloquent au cœur de l’enseignement catholique » (éditions du Panthéon, Paris 2018) et Une enfance retrouvée (éditions du Panthéon, Paris 2019) et vient d’achever un polar « 122-7 »

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Marx est mort ? mon œil !

Pourquoi s’obstine-t’on ci et là à parler d’un certain Karl Marx, cet allemand mort à l’âge de 65 ans au 19ème siècle, il y a imaginez-vous 202 ans ?

Pourquoi continue t’on de s’intéresser à Marx qui en 1864, vous parlez d’un bail, plus d’un siècle avant ma propre naissance, avait un objectif ambitieux qui était l’abolition du capitalisme, capitalisme dont la genèse peut être précisément datée en France à 1807, date à laquelle la société à capitaux dite Société Anonyme est réglementée et actée dans le Code du Commerce.

Vous me rétorquerez très justement que l’on parle bien encore de Jésus Christ comme étant présumé né il y a plus de 2000 ans !

Pourquoi parle-t-on de ces Hommes et de tant d’autres donc ? Par peur du vide ? Par besoin de repères ? Par quête de héros ?

Me direz-vous aussi pertinemment que sur le fronton du Panthéon figure l’épitaphe « Aux grands Hommes la Patrie reconnaissante »

Peu importe nous sommes tous des citoyens au Panthéon de l’humanité.

Et bien peut-être parle t’on de Marx, allez savoir parce que finalement il n’est pas mort !

Je m’explique bien sûr que l’homme est mort et bien mort de tuberculose - tiens encore une épidémie qui fit 10 millions de morts au 19ème siècle -, et il n’y a ni résurrection ni réincarnation comme certains se perdent de chimères en croyances.

Non bien sûr, mais plutôt parce que ses idées continuent à vivre, continuent chaque jour à se construire, à se moderniser, à exister dans le quotidien besogneux de milliards de femmes et d’hommes qui perdent leur vie à essayer de la gagner ou qui pour nombre d’entre eux ne la gagnent même pas et crèvent dans ce qui devrait être leur bel âge, miséreux et malades dans un dénuement le plus total du creux des bas fonds de la violence préméditée et criminelle d’une société capitaliste mondialisée et abjecte où le choix d’entre la bourse ou la vie est irrémédiablement et sans hésitation fait par les « premiers de cordées » .

L’on en parle parce que Karl Marx est à assoir à table à côté des grands philosophes et penseurs de l’humanité, me viennent là à l’esprit quelques un : Socrate, Platon, Aristote, Sénèque, Pline l’ancien, Voltaire, Diderot, Jean Jaurès, lui aussi comme Gandhi assassiné par un fanatique d’extrême droite en 1914, Bergson, Jean-Paul Sartre, Louis Althusser, Michel Foucault, Lucien Sève, Paul Nizan, Michel Serre … J’arrête là cette liste à la Prévert qui va me faire haïr de vous tous tant j’en oublie et pas des moindres.

Peut-être parle t’on de Marx parce que en ces temps de confinement, de retraite c'est-à-dire de regard sur soi propice à la réflexion, tous ces Hommes sont les fondateurs de notre conscience, celle de cette gauche humaniste, pacifiste et de progrès qui contrairement à ce que certains rêvent, existe encore et toujours, forte, enjouée, jeune, moderne.

Cette gauche qui croit en l’avenir de l’Homme.

Cette gauche qui aspire et s’engage à construire de « nouveaux jours heureux ».

Cette gauche qui pense que le capitalisme est tout aussi fou que dépassé et va s’échoir tel un porte container géant sur les rives du tsunami d’une aspiration planétaire écologique égalitaire et sociale.

Bref cette gauche qui dit haut et fort que la pensée marxiste représente l’avenir du 21ème siècle et que les changements qui s’opèrent au cœur même de la crise mondiale bien plus qu’une « simple » crise sanitaire, sont historiques et conditionnent l’inexorable marche du progrès de l’humanité.

Parce que voyez-vous que l’on ne me dise pas que le marxisme a manqué car dans le fond il n’a pas existé, je veux dire par là qu’il n’est arrivé à son terme nulle part pour de multiples raisons parfois de l’erreur même des hommes qui voulaient ou prétendaient en porter les valeurs, souvent par les armes capitalistes comme en Espagne en 1939 ou plus près de nous au Chili en septembre 1973 où les forces de la réaction assassinèrent, à chaque fois l’espoir populaire d’une République, d’un Président tel Salvador Allende, élu au suffrage universel.

Depuis 5000 ans, l’histoire de toute société n’a été finalement que l’histoire de la lutte des classes.

Sans nul doute la crise mondiale que nous traversons est un tournant et « Espoirs et Combats » sont les mots qui vont nous guider dans les mois et années à venir, ici et partout dans le monde.

Tiens, souvenir d’un slogan de « mes années UEC » fin 80 :
« Marx est mort ? mon œil ! »