Jour 54 et « Réagir et aider, à mon niveau, avec mes moyens, autant qu’il m’est possible de le faire» un très joli texte du cheminot syndicaliste Pierre Lacaze. Où il nous rappelle avec humanité l’actualité du mot « bienveillance ».
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Réagir et aider, à mon niveau, avec mes moyens, autant qu’il m’est possible de le faire
A l’heure où j’écris ses lignes, les oiseaux chantent, mon chien dort, paisiblement allongé sur mon canapé, mes voisins profitent de leur temps libre pour faire des travaux et il fait beau.
J’ai du mal à me rappeler exactement comment tout cela a commencé mais çà restera un moment gravé dans ma mémoire.
Au retour du Congrès fédéral des cheminots de Nancy qui se déroulait du 9 au 14 mars j'ai été informé, qu'une camarade avait une suspicion de covid 19, j'ai été mis en quatorzaine pour éviter toute contamination.
J'ai donc été confiné avant tout le monde de manière un peu autoritaire mais à la fois nécessaire pour la protection d'abord de ma famille mais surtout des autres....
J’ai réagi comme un bon petit soldat, à qui on a dit de rester chez soi, et qui ne se pose pas de questions mais qui obéit aux règles. Je n’ai pas été d'abord dans la réactivité, c’est peut-être ça en fait, j’étais plutôt abasourdi; comme si mon corps agissait mais que mon cerveau était sur pause, comme quelqu’un qui se prendrait une grosse gifle alors que je venais de vivre un moment fraternel et essentiel dans ma vie de militant syndical.
Très vite, l’angoisse est montée dans ma famille, les nuits étaient agitées. Mais comment cela pouvait-il en être autrement avec toutes ses chaînes d'information.....
J'ai donc décidé d'ouvrir le meuble où les jeux de société étaient rangés et de jouer en famille plutôt que de me jeter sur les informations. Lorsque j'ai pris la décision d’éteindre ce fichu poste de télévision, j’ai repris connaissance. Et à ce moment-là, j’ai décidé de me reconnecter avec ce qui me fait du bien, tout ce que j’avais pu laisser en suspens par manque de temps ou d’envie, de prendre les choses comme elles viennent en tentant de voir le côté positif de tout cela.
Sans oublier, évidemment, le monde qui m’entoure et qui part à la dérive, ces gens qui souffrent et qui meurent, ceux qui donnent de leur temps et risque leurs vies pour en sauver, pour nous nourrir, ceux qui s’inquiètent chaque jour de voir leurs entreprises couler, etc. Je profite donc de ce temps de pause et de la chance que l’on m’offre : celui de ne pas être touché par cette putain de maladie.
Je prends conscience pendant ce moment confiné que nos Services Publics que je défends au quotidien sont plus que jamais essentiels à la vie quotidienne de nos concitoyens.
J’ai bien conscience que, comme dans la vie de manière générale, avec ses inégalités et ses injustices, nous n’avons pas tous le même confinement. Et surtout que ce monde doit changer rapidement !
J'ai bien conscience aussi et c'est le sens de mes engagements syndical à la CGT cheminots et sur la liste TCES de mon ami Hervé Charles pour conquérir la Mairie de Tarbes.
J'ai la sensation et le sentiment que nous devons œuvrer tous ensemble pour contribuer à faire changer ce Monde qui en a bien besoin....
Mais vous savez quoi? Plutôt que de culpabiliser, parce qu’il faut le dire nous sommes dans une société qui te fait culpabiliser au moindre faux pas, je préfère réagir et aider, à mon niveau, avec mes moyens, autant qu’il m’est possible de le faire.
Depuis début avril, avec mon mandat de Preventeur Sécurité au Travail, j'ai repris le chemin du terrain et de la proximité avec les salariés et les cheminots pour les accompagner au mieux dans cette période inédite. Mon entreprise a, pour une fois, plutôt bien réagi pour avco.pagner au mieux ce retour de mes collègues.
Pour autant un sentiment étrange me traverse l'esprit sur l'avenir de mon entreprise qui est bouleversé depuis de longues années...un sentiment à la fois d'espoir mais surtout de crainte.
De l'espoir car cette crise fait la démonstration une nouvelle fois de la nécessité du transport collectif de FRET Ferroviaire et de voyageurs qui contribuent de lutter efficacement contre le réchauffement climatique...
Des craintes car comme toutes les entreprises j'ai la sensation que la SNCF ne va pas échapper à la règle de vouloir faire de la productivité sur le dos des salariés pour se payer cette crise.
Quoi qu'il en soit, je veux terminer sur une note optimiste car je crois sincèrement à un avenir meilleur c'est le sens de mes engagements. Je veux continuer de convaincre autour de moi que ce monde doit changer, préparer un meilleur avenir à nos enfants et que nous ayons toutes et tous de la bienveillance à l'égard des uns et des autres.
Je vous souhaite à tous, que vous soyez en appartement, en maison, en ville, à la campagne, avec ou sans enfants, que vous travailliez ou non, soignants, commerçants, entrepreneurs, restaurateurs, caissiers, pompiers, malades ou en pleine santé, peu importe le confinement que vous vivez, de prendre soin de vous, de vous protéger et d’aller bien !
Bon courage à tous et merci d’avoir tenu jusqu’au bout de mes lignes.